Le silence
« Chut ! » ,« Ne fais pas de bruit ! », « Moins fort ! », « Silence ! », « Tais-toi ! », « Ferme-la ! », « Ta gueule ! »… Il arrive souvent qu’on nous demande le silence en criant. Paradoxal, non ? Est-ce que c’est efficace de hurler pour obtenir le silence ? C’est quoi le silence ? Comment le définit-on ? Par l’absence de mots, de bruits, de sons ?
Le silence peut être gênant, ambigu, apaisant, frustrant, lourd, reposant, pompeux, doux, complice, éloquent, de mort, radio, d’or, annonciateur de tempêtes…
Trouver le silence : mission impossible ?!
Bien que le silence se décline dans toutes les langues (on dit Shh en anglais ou Càllate en espagnol !), le silence parfait soit 0 décibels* (*mesure de l’intensité d’un son*) n’existe pas sur Terre ! Que le son provienne de l’extérieur, ou de l’intérieur, les hommes sont baignés en permanence dans les sons. Impossible de faire taire les battements de son cœur pour écouter le silence, impossible de faire taire les vagues de l’océan, difficile de faire taire la mouche qui vous tourne autour pendant la sieste.
Trouver le silence finalement n’est pas aussi simple qu’on le croit. Il y a les bruits des autres et ses bruits internes. Et les pensées elles aussi font beaucoup de bruit, même si celui là ne se mesure pas ! Combien de fois par jour se surprend-t-on à se parler à soi même ?
“Moi je n’ai pas envie de silence, j’aime pas ça !”
Il y a des fois où on ne cherche pas le silence. Les écouteurs dans les oreilles, on peut avoir envie de s’enivrer de musique pour fuir le son de ses pensées.
Le silence fait peur quand on n’a pas envie d’affronter ses sensations, ses sentiments (joyeux ou tristes). Pour certains, le silence est associé à la mort et le bruit à la vie. Alors quand il y a trop de silence : c’est l’angoisse !
Alors on fait du bruit (avec son MP4, en parlant très fort, en faisant claquer ses talons sur le trottoir …). Ce bruit peut être une manière de se rassurer et faire taire les inquiétudes qui crient en soi. Ou alors une façon de se couper du bruit des autres lorsqu’il nous est insupportable. Ou encore, à l’inverse, une manière de montrer au mon de qu’on existe.
Quand le silence pèse trop lourd !
Il existe bien des raisons pour se taire : la honte, la gêne, l’impression de n’avoir rien à dire, des choses à cacher ou qui ne peuvent pas se dire, la loi du silence … Certaines raisons sont justifiées, d’autres sont oppressantes. Le silence prend toute la place, empêche de penser, de prendre de la distance et de se sentir bien.
Suite à une agression par exemple, mettre des mots sur ce qu’on ressent peut être difficile, les paroles restent coincées au fond de nous. On peut se sentir très mal, s’isoler peu à peu de ses amis, de sa famille, ressasser des idées noires… C’est un engrenage dangereux qui peut s’installer.
Sortir de ce silence peut devenir difficile, lorsqu’on est seul. On a besoin d’aide.
Quand c’est vraiment trop dur, on peut s’adresser à des gens « extérieurs » qui ont un peu plus l’habitude d’écouter, ou même dont c’est le métier (profs, infirmière, psychologues, Fil Santé Jeunes, Jeunes Violences Écoute).
« Le silence ! Sixième sens ! »
Le silence nous permet de nous concentrer, de réfléchir, de bien faire les choses, d’écouter, de comprendre, d’apprendre. Le silence est indispensable pour se focaliser sur ce qu’on veut faire. « Silence : On tourne » diraient les réalisateurs avant de démarrer le tournage de leur film.
Le silence nous permet également de ressentir des émotions provoquées par les sons. En musique on dit : « le silence après du Mozart c’est encore du Mozart » mais ça marche aussi avec : le silence après Thriller de Michael Jackson c’est encore du Michael Jackson 😉
Sans le silence, on ne pourrait pas penser, et on ne pourrait pas se reposer, on serait toujours aux aguets d’un nouveau son sans pouvoir l’entendre complètement, sans pouvoir vraiment savoir qu’il y a un son. Le silence c’est comme une respiration, il nous est indispensable car il oxygène toutes nos capacités à : entendre, comprendre, analyser, penser, interpréter, transformer, créer… ! Le silence c’est aussi la vie. Et puis il y a des silences qui en disent plus que les mots… les silences complices, les silences permettant les sous entendus, les silences entendus.