Des cheveux et des hommes
Symbole de séduction, de pouvoirs, de force, d’ordre, de rébellion… les cheveux ne sont pas si futiles qu’ils pourraient y paraître. Ils ont mille choses à dire des rapports entre les êtres humains. Décoiffant !
L’histoire au fil des cheveux
Nos chers cheveux entretiennent depuis toujours un rapport étroit avec l’histoire des sociétés. Bien souvent les coiffures suivent l’ordre social. Par exemple, lorsque le bon roi Dagobert règne sur les Francs au VIIe siècle, seule la famille royale a le droit de porter les cheveux longs, comme une couronne naturelle. Ainsi, Dagobert suit la mode de ses ancêtres, les rois chevelus. Lui couper les cheveux reviendrait à lui faire perdre son honneur et à l’écarter du trône.
Les cheveux sont aussi symbole de contestation. Dans les années 1960, les Hippies portent les cheveux longs avec des fleurs pour dire non aux valeurs traditionnelles, au mode de vie de la génération de leurs parents et à la société de consommation.
Dans les années soixante aux États-Unis, les salons de coiffure tenus par les Blancs sont interdits aux Noirs. On défrise les cheveux crépus. Angela Davis, militante pour le droit des noirs et des femmes devient une icône par ses discours et sa coiffure afro. Quand la police l’arrête, elle rattache ses cheveux.
Selon l’époque, la mode et l’endroit où l’on vit, les cheveux longs peuvent être portés par des rois, des clochards ou des samouraïs et avoir un sens très différent. Même chose pour les cheveux courts qui peuvent à la fois être portés par un empereur romain, un esclave ou un moine !
Force et pouvoirs
Samson, héros biblique, doit sa force herculéenne à sa longue chevelure. Lui couper ses cheveux reviendrait à lui enlever sa force.
En Chine, les seigneurs se parent de capes de pluie tissées de cheveux. Ils montrent ainsi leur richesse.
Les cheveux détiendraient certains pouvoirs. Autrefois, voler les cheveux d’autrui permettait disait-on de faire des philtres d’amour ou d’envoûter. Dans certaines cultures, les mèches, scalps et têtes coupées étaient utilisés pour entretenir des relations avec le monde des Ancêtres. Supports de mémoire, ces restes humains deviennent reliques et trophées en conservant un peu de l’aura et de l’énergie de leur propriétaire.
Des stéréotypes plein la tête
Les cheveux ont leur cortège de stéréotypes : les princesses sont souvent blondes car cette couleur évoque celle des anges ; les femmes brunes sont censées êtres plus aventurières, comme Lara Croft ; tandis que les femmes rousses seraient parfois un peu sorcières, parfois séductrices comme la femme de Roger Rabbit… On pense souvent que les cheveux attachés et lisses sont plus sages tandis que les cheveux bouclés et détachés symbolisent la liberté, la séduction.
La perte des cheveux
Qui dit cheveux dit aussi perte de cheveux. Cette perte peut être choisie : on peut offrir une mèche de ses cheveux à son amoureux pour lui montrer ses sentiments. On peut garder les premières mèches de ses enfants dans un médaillon comme le faisait la reine Marie-Antoinette. On peut couper ses cheveux pour marquer un changement dans sa vie. Par exemple, les moines et les religieuses marquent leur entrée dans les ordres et leur retrait du monde matériel par la tonte de leurs cheveux.
La perte des cheveux peut aussi être symbole d’humiliation : à la fin de la deuxième guerre mondiale, les femmes coupables d’avoir eu des relations sexuelles avec des militaires allemands de l’Occupation sont tondues en public.
Quand la musique décoiffe
L’histoire du rock et de la chanson peut s’écrire au fil des coupes de cheveux. D’Elvis Presley et sa mythique banane jusqu’aux excentricités capillaires de Lady Gaga en passant par la coupe au bol de Mireille Mathieu et les dreadlocks de Bob Marley. Les fans de métal sont expert en « headbanger » : ils secouent leur tête et leur cheveux jusqu’à l’ivresse. La musique permet toutes les coupes et toutes les coupes sont possibles quand on est une star ! C’est l’Hair musicale !