Le harcèlement de rue
- « Hé Mademoiselle ! Hé ! Tu vas où ? … Hé tu marches trop vite là ! Ssss, Franchement t’es charmante. »
– « Ah ouais ?! » (elle se retourne en faisant une grimace)
– « … Sale p*** va. Tu te prends pour une bête de meuf ?! T’es même pas belle ! S***pe ! »
Cet échange te dit quelque chose ? Tu as l’impression de l’avoir déjà entendu ? C’est un exemple parmi tant d’autres de ce qu’on appelle le harcèlement de rue.
Qu’est-ce que le harcèlement de rue ?
Petite définition. On considère que le harcèlement de rue comprend les comportements ayant lieu dans l’espace public (la rue, les transports en commun, la cour du lycée…), visant à s’adresser à des personnes d’une manière intimidante, insistante, irrespectueuse, humiliante ou menaçante, et ce en raison de leur sexe, leur genre ou leur orientation sexuelle.
Pas facile de le définir plus précisément ! Il se situe entre la drague et l’agression sexuelle, mais n’est ni l’un ni l’autre. Il comprend donc : les interpellations répétées, les sifflements, les commentaires sexistes, les insultes et les attouchements.
Un garçon qui t’appelle avec insistance (« Hé ! Hé ! Hé je te parle ! ») alors que ton silence montre ton désintérêt ? C’est du harcèlement. Un « T’es trop bonne ! » alors que tu traverses la rue ? Ce n’est pas un compliment, c’est du harcèlement. Une main baladeuse alors que tu montes dans le bus… ? C’est aussi du harcèlement (en plus d’être une agression sexuelle punie par la loi !).
Dans le harcèlement de rue, la personne harceleuse n’a pas de considération pour le consentement de l’autre.
Qui touche-t-il ?
Une étude publiée par l’INED a cherché à définir la victime type du harcèlement de rue, et recense différents chiffres. Résultat : c’est une jeune femme dans une grande ville et son harceleur est un homme dans trois quarts des cas.
Quelques chiffres qui datent de 2017 (ces chiffres sont donc à prendre avec un peu de prudence) :
– A l’échelle nationale, 65% des femmes de moins de 15 ans et 82% des moins de 17 ans ont déjà subi du harcèlement de rue !
– 76% des Françaises ont déjà été suivies dans la rue…
– …et 100% des utilisatrices des transports en commun en France ont été victimes au moins une fois de harcèlement.
Ça fait du monde ! Mais… pourquoi ce phénomène ? Comment en est-on arrivé là ?
Pourquoi le harcèlement de rue
Il est difficile de considérer le harcèlement de rue pris isolément parce qu’il fait partie plus largement du sexisme. Tu sais, le fait de considérer qu’un groupe de personnes, en raison de leur sexe, méritent de subir certaines discriminations.
Dans les faits, quand on parle de sexisme, on parle presque toujours des discriminations que subissent les femmes, parce que c’est la forme du sexisme la plus fréquente. L’idée c’est que, si les hommes se permettent ces comportements et si les femmes les tolèrent, c’est parce qu’ils ont intégré certains stéréotypes concernant les rôles de chacun. Par exemple, qu’il serait normal qu’un homme siffle une femme dans la rue parce qu’elle est en robe, et normal que cette femme supporte cela en silence.
Mais si on parle spécifiquement de harcèlement « de rue » c’est que cet espace a aussi ses particularités. Malgré les évolutions en termes d’égalité des droits, la rue reste un lieu qui a été conçu et pensé par les hommes et dans lequel les femmes peuvent ne pas se sentir légitimes. Tu remarqueras d’ailleurs qu’il y a plus d’hommes qui « flânent », « discutent », « traînent » dans la rue, les femmes ont tendance à seulement y passer.
Qu’est-ce qu’on peut faire ?
Comme tu l’as peut-être remarqué, la question du harcèlement de rue a pris une place importante dans les médias récemment et tout le monde se demande ce qu’il est possible de faire. Il y a différentes pistes.
– Interdire et punir
C’est simple, faisons une loi ! C’est la proposition de Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Simple ? Pas tant que ça… En effet, légiférer signifie dans un premier temps définir. Et comme nous l’avons vu, ce n’est pas évident de dire ce qui est du harcèlement de rue et ce qui n’en est pas. Il est fort probable que le harceleur dira que c’était de la drague et la victime que c’était du harcèlement… Qui est de bonne foi ?
Par ailleurs, il faudrait aussi pouvoir apporter des preuves. C’est déjà quelque chose de compliqué dans les cas de viols, alors pour une remarque dans la rue ou une caresse furtive, quelle trace reste-t-il ? Tu imagines s’il fallait mettre des caméras dans toutes les rues de toute la France ? Un peu compliqué.
C’est cependant quelque chose qui a été tenté en Belgique, mais les autorités constatent que très peu de femmes portent plainte. Pourquoi ça ? Peut-être qu’il y a quelque chose d’autre à faire au préalable…
– Eduquer et former
Une autre option est de se servir de l’éducation sexuelle pour apprendre aux jeunes la distinction entre le consentement et le harcèlement, comment réagir si on est victime ou témoin, ou encore expliquer que le désir n’est pas un besoin à assouvir impérativement.
L’idée est que si tu as intégré le fait qu’il faut que la personne en face te montre explicitement qu’elle est intéressée pour que tu continues à lui faire la cour (à la séduire), tu seras peut-être plus à même de calmer tes ardeurs quand c’est nécessaire 😉
Cette éducation serait aussi plus spécifiquement à l’intention des personnes auxquelles s’adressent les victimes : policiers, juges, avocats… On se rend compte qu’ils peuvent eux aussi avoir des préjugés et donc ne pas les prendre en charge comme il le faudrait.
Vous avez tout compris du harcèlement de rue ? Pour en être sûrs, regardez ce court-métrage partagé par Marlène Schiappa qui reprend la journée tristement banale d’une jeune fille qui se promène dans les rues de Paris.
Et maintenant, agissons !
Merci pour votre travail il m’aide beaucoup !! Je me permet de vous faire un retour sur cet article car je pense qu’il pourrait être remis à jour 🙂
Une main baladeuse n’est pas du harcèlement mais bien une agression sexuelle par exemple. Et je crois aussi que les chiffres sur les personnes victimes de harcèlement ne sont pas à jour, nous sommes mtnt à 100% des femmes ont vécu du harcèlement de rue.
Bonjour zilza,
Merci pour ton retour et pour tes remarques. Nos articles ont parfois besoin de mises à jour. Nous allons apporter quelques rectifications et nuances afin de coller à la réalité ou contextualiser davantage nos chiffres.
Bonne journée !
L’équipe Fil Santé Jeunes