[Isaac]

Bonjour,
Je m’appelle Isaac et j’ai 17 ans.
Depuis mes 13 ans je vie une sorte de montagne russe avec mon bien être mental. J’ai souvent des idées noires et suicidaires. À chaque fois que j’en parle j’ai l’impression d’exagérer tous mes problèmes.
Je vie dans une famille de 5 enfants et je suis le 4ème, mes frères aînés ont tous quitté la maison depuis longtemps donc je me retrouve seul avec mes parents et ma petite sœur. Dans ma famille ça a toujours été très compliqué côté relationnel avec mon père. C’est un homme qui a beaucoup souffert dans sa vie, il n’a pas eu les meilleurs parents mais c’est à peu près tout ce que je sais sur lui. C’est un homme bien mais alcoolique et colérique. Il ne l’admettra jamais. Son addiction le rend insupportable. Tout les jours il sort, tous les jours il boit. Je n’en peu plus. Quand il boit il s’énerve, quand il s’énerve ça part souvent en grosse engueulade de famille.
Il a aussi des problèmes relationnels avec ma soeur. Elle n’a que deux ans de moi. C’est la cadette de la famille et elle a toujours eu un fort caractère par rapport à moi qui a toujours été plus réservé. Depuis quelques année elle a prit une façon de parler très hautain et moqueur ce qui, naturellement, énerve facilement mes parents. Elle a pris de mon père et elle va toujours trouver un truc à répondre. De cela en suit d’énormes engueulades où mon père perd le contrôle et l’insulte. Il a toujours eu l’insulte facile, même sur nous, mais c’est toujours hyper blessant (ça lui ai déjà arrivé de me traiter de salope et ma soeur de “grosse connasse de merde”). Ma soeur se fait vachement plus engueuler que moi et on lui demande beaucoup plus de corvées qu’à moi. Le fait que je sois à l’internat n’aide pas. Je l’admet, je suis loin d’être le meilleur frère et le meilleur fils. Je passe mes journées seul dans ma chambre, c’est limite si je mange. A cause de ça elle s’est mis en tête que mes parents ne l’aimaient pas et que j’étais l’enfant favoris. En toute honnêteté j’aurais pensé là même chose à sa place. Vu que je suis de nature réservée il est plus rare pour moi de crier et de craquer mais lorsque ça arrive je le fais bien comprendre et cris plus fort que les autres tandis que ma soeur, elle, crie facilement face à ce genre de situation donc mes parents sont plus à même de me le pardonner car c’est plus rare.
De mon côté, savoir que ma soeur me déteste et qu’elle déteste mes parents à cause de moi, bah ça me blesse. Je ne sais pas quoi faire face à la situation, ma mère n’a personne à qui parler donc elle en parle à moi mais ça me met plus mal qu’autre chose.
Tout ça n’aide pas ma santé mentale. Mes phases dépressives (jsp si je peux appeler ça comme ça) s’accentuent et je perds de plus en plus mes moyens. Durant ces moments je deviens très irritable et j’en arrive à croire que je déteste les seuls personnes qui sont là pour moi.
Quand je suis chez moi je ne parle a presque personne. J’ignore tout contact avec l’homme et me sens très seul. Ça devient compliqué socialement quand pendant deux semaines de vacances scolaires j’ai ignoré tous mes amis et qu’à la rentrée je dois les revoir et expliquer pourquoi je ne leur ai pas répondu.
Ma relation avec mes amis n’est pas très stable non plus. Du moins de mon côté. Dans la vie de tous les jours je ne suis pas la personne la plus futée du troupeau et j’ai un humour assez simplet pour ne pas dire enfantin. Évidemment ça amène à faire des blagues sur moi. Ça ne me pose aucun problème, j’ai de l’autodérision mais viens des moments où c’est trop. Mes amis se permettent de me dire des choses vraiment déplacées et qui me blesse comme des “je t’aime pas” dit de façon très brutale alors que je ne lui ai pas parlé de la journée, des “t’es trop con” ou encore me dire d’arrêter de parler à mon père si il s’énerve trop facilement.
Dans 9 mois je ne vis plus chez moi. Je ne verrais plus personne que je vois aujourd’hui. J’ai envie de partir envie d’être seul mais j’ai peur de me laisser mourir; me laisser submerger par les cours, avoir encore moins de passion que j’en ai déjà, d’échouer ou même encore d’abandonner. Je n’ai pas de rêve, je n’ai pas de but. J’aimerais que tout s’arrête pour de bon.

Merci d’avoir lu jusqu’à là, je m’excuse si jamais je me suis mal exprimé ou que j’ai fais des fautes.

Isaac.

[Fil Santé JeunesModérateur/modératrice]

Bonjour Isaac,

Ton message nous inquiète. Tu sembles être en grande souffrance depuis quelque temps, tu as des idées suicidaires. C’est important que tu ne restes pas seul avec toutes ces pensées. N’hésite pas à nous contacter au 0800 235 236 (ou par chat’) pour qu’on puisse échanger ensemble et t’aider.

L’équipe Fil Santé Jeunes

[Isaac]

Bonsoir l’équipe de Fil Santé Jeune,
Votre message est très sympa mais j’ai honnêtement du mal à croire que vous vous en souciez vraiment. À chaque poste que j’ouvre je vois un de vos messages avec les mêmes mots que vous avez utilisés pour moi.
Je comprends que vous y soyez obligé.
Cependant je vais tout de même vous dire de ne pas vous inquiéter pour moi. Ça fait 5 ans que je vis comme ça et pourtant je suis toujours là. Je n’ai pas le courage de faire quoique ce soit dans tous les cas.

Bonne soirée à vous, on se reverra peut-être dans le chat si j’arrive à me connecter aux bons horaires.

Isaac

[Fil Santé JeunesModérateur/modératrice]

Bonsoir Isaac,
Nous modérons le forum et sommes donc soucieux lorsqu’un jeune mentionne des idées suicidaires. Il est de notre devoir, en tant que professionnels, d’avoir un œil vigilent et parfois, d’agir si cela est nécessaire.
Nous sommes disponibles par téléphone ou sur le ch@t lorsque tu te sentira prêt.

Prends soin de toi

[Iyashi]

Bonjour Isaac,
Je ne sais pas quoi dire. (Pourquoi j’écris alors ? Je… j’espère vaguement que ces mots t’aideront. C’est con, les mots, hein. Ils sont si ridicules et si puissants à la fois. Bref.). Juste que je comprends ta souffrance, et aussi cette impression que les professionnels ne s’intéressent pas vraiment à nous… (Pardon à l’équipe des modérateurs, je sais que ce n’est pas le cas. Que vous êtes humains et empathiques. Mais parfois le système de santé peut devenir une vraie machine à broyer.) Ton message m’a touché parce que ta douleur y transparaît, et que c’est injuste que tu te sentes coupable de cette situation familiale inextricable dont tu n’es en rien responsable. Tu as l’air d’une personne très gentille et je te souhaite tout le bonheur du monde.
Et plus vite que ça.

[Auteur]

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