Je n’ai jamais exprimé de vive voix ce que je ressentais, les mots ne veulent pas se former et je ne fais que broyer du noir. J’écris aujourd’hui pour la simple raison que je n’ai trouvé nul part l’expression de ce sentiment. À chercher l’équilibre, j’ai l’impression d’être devenue un fantôme, ni morte, ni vivante. Je m’explique.
Je ne me sens ni heureuse, ni malheureuse. Je me sens passive de ma propre vie. Je ne veux ni vivre, ni mourir. Je n’ai donc aucune volonté de mettre fin à mes jours, je ne considère pas le suicide comme une option. Toutefois, je me sens coincée dans un espace indéfini, dans un univers dans lequel je n’ai jamais demandé faire parti. Pour moi la vie n’est que divertissement, l’attente de l’acte final, la mort.
Que ma vie continue ou que ma mort survienne, cela ne me fait ni chaud ni froid. Je ne veux rien provoquer, je veux juste que le destin décide pour moi. Si j’avais le choix à ma naissance, je choisirais de ne pas exister du tout.
Ce n’est pas que ma vie est trop difficile, ou que ma mort m’effraie, je suis juste passive. J’ai des pics de productivité dans lesquels j’aime m’organiser et accomplir plusieurs choses mais ils sont éphémères. Cette pensée revient constamment : je ne voudrais pas exister, je pas être là. Je trouve la vie insipide au point d’être étrangement à la fois désintéressée et distraite par elle.
Je ne pense pas spécialement me considérer comme mauvaise dans cette société ou d’être un fardeau. D’ailleurs, je suis souvent le moteur des autres, j’essaie toujours d’être une bonne épaule, d’être à l’écoute et de trouver les solutions. J’ai toujours essayé d’être rationnelle pour être réactive. Mais peu importe ce que j’entreprends, pour moi ou pour les autres, je m’en fiche totalement, et de tout. Je ne me dévalorise pas spécialement même si je doute de plus en plus de ma conscience et de mes agissements au fur et à mesure que la vie passe. J’essaie toujours d’être bienveillante tant que je suis ici, les autres peuvent se sentir mieux. Je ne veux jamais qu’ils ressentent ce que je ressens. Je suis juste là.
J’ai l’impression d’être simple observatrice. Par ailleurs, je rêve fréquemment que les gens qui m’entourent ne puissent plus me voir. Comme si je m’effaçais, je me sens de plus en plus invisible et inanimée. Je ne veux ni mourir, ni vivre.
Salut, je crois comprendre ce que tu ressens. Le fait d’être en retrait, invisible pour les autres, inconnu pour tout le monde. Que les jours passent et se ressemblent tous. Que l’on ne connaît ni joies ni peines. Que l’on vit juste, fourmi sur cette Terre. Que notre disparition passerait inaperçue. Une fois nos désirs refoulés, la solitude nous étreint. Néanmoins, il ne me semble pas possible de noyer notre personnalité. À un moment donné, notre nature s’ébroue à l’image d’un cheval qui se cabre. Même un surplus d’humeur noire n’a d’autres choix que se manifester par la création ou la violence. Dans mon cas, écrire des lettres à des inconnus me permet d’apporter du réconfort et de l’inédit dans ma vie. Je ne sais pas sous quelle forme cet élan vital (ça fait un peu gourou cette expression :scratch:) pourrait se manifester chez toi mais il apparaît que poster un message sur le forum soit déjà une preuve. Au plaisir de pouvoir lire de tes nouvelles
Bonjour Said97, Je te remercie pour ton message, je pense qu’un échange pourrait être vraiment intéressant, qu’en penses-tu ?
Je trouve de plus en plus difficile de trouver les mots justes pour décrire ce que je peux ressentir, et je ne sais pas si nous avons éprouvé exactement la même chose mais de ce que tu m’as dit, ça y ressemble. Et dans ce sens, je te remercie parce que dans cette bataille du milieu solitaire, je me sens moins seule, ou du moins, moins transparente peut-être. Je n’ai pas le sentiment d’être incomprise, mais plutôt celui de m’acharner inutilement.
Je te suis reconnaissante de m’avoir répondue ! À bientôt
Bonsoir Jaspenucie, Je te réponds tardivement en rentrant de la natation. Mes propos risquent d’être incohérents et désordonnés. Mais j’ai envie d’écrire alors… Tout d’abord je suis d’accord avec toi pour dire que les mots nous manquent à chaque fois que nous parlons de l’état de notre âme/humeur/mental. J’aimerais agréer notre pensée avec une petite citation mais là je suis en panne (une prochaine fois peut-être ). Ensuite au sujet de la solitude, je souhaiterais partager quelques éléments de ma vie qui sans doute éclaireront mes idées. À 10 ans, mes parents ont divorcé (rien de surprenant me diras-tu). Mes frères et moi avons suivi notre mère. J’ai perdu tous mes ami(e)s que je cotôyais depuis tout petit. Certes il y a plus grave dans la vie. C’est sans doute absurde de dire cela ici comparé à d’autres sujets sur le forum. Mais depuis ces événements je n’ai plus réussi à construire ni d’amitiés ni de relations amoureuses. À ajouter à cela d’autres faits que je ne citerai pas ici (comme ce c****** de beau-père). Peu à peu je suis resté en retrait, à l’écart des groupes (du collège aux études sup.), une volonté inconsciente de détachement. Comme si je ne voulais plus connaître la déception d’antan. Aujourd’hui, à 25 ans, j’ai conscience d’avoir des verrous psychologiques et j’ai besoin d’aide pour y remédier (rdv chez une psy prochainement). En tous cas je sais ce que sais que d’être esseulé physiquement et ressentir un vide social comme si tout nous aspirait. Bref je souhaiterais terminer par une citation de Dany Laferrière dans son livre Journal d’un écrivain en pyjama : <<La solitude c’est quand on ne souhaite plus être seul tout en étant incapable de changer la situation. >> Bonne soirée, à une prochaine fois peut-être
Non je ne ressens pas le besoin de me mutiler. Honnêtement, ce fut un cap à passer, notamment après le divorce de mes parents et lorsque j’ai cohabité avec mon père. J’étais très anxieuse et je préférais supporter la douleur physique plutôt que mental.
Cela fait maintenant 3 ans que j’ai quitté ma vie natale où sont toujours mes proches. De loin, je suis moins sujette aux problèmes familiaux et je peux facilement prendre du recul pour leur venir en aide si besoin est.
Pendant mon adolescence, un sentiment de frustration castratrice est née, à la fois d’une déception renouvelée issue des nombreuses tentatives d’établir un lien avec mon père, à la fois d’un sentiment de négligence et de passivité de ma mère. Mes rapports conflictuels avec mon frère plus âgé n’a sans doute rien arrangé. Je me suis sentie enfermée, d’où la nécessité de prendre mon indépendance. Pendant cette période, j’ai eu d’énormes doutes sur ma volonté de vivre, au point d’avoir des idées noires, qu’il m’était difficile de cacher lors de soirées arrosées à l’université et qui pouvaient faire remonter des crises de violence pouvant m’affecter physiquement. J’ai toujours fait bonne figure : autrement dit, je ne parlais pas ou mal de mes sentiments, provoquant manque d’empathie, parfois même des moqueries enfantines de la part de mes interlocuteurs. Cela m’a sans doute confortée dans ce cercle vicieux de solitude et de rancœur pour l’être humain.
À partir de là, j’imagine que tu te doutes bien que ma famille ne se doute de rien. Non parce que je n’arrive pas à communiquer aujourd’hui, mais parce qu’ils n’ont jamais vraiment été une base solide dans ma vie, et que leur inquiétude est à la fois mauvaise pour eux, qui se sentent insultés en tant que parent ou fratrie, ou même pour moi, en devant finalement les rassurer.
Très honnêtement, je ne saurais pas te répondre sur l’origine exacte de ce mal-être, ou plutôt à quand il remonte. Je sais juste qu’il est avec moi depuis longtemps, nourrit par le sentiment d’abandon et de rejet de mes parents, alimenté par la solitude et une impression de “silence bruyant” qui résonne souvent. Je ne rejette plus les autres, je ne me rejette plus. J’attends simplement. J’ai pris un rôle d’observateur, de la vie des autres, et de ma vie.
Au volant, ni appel, ni message, ni réseaux sociaux - Et si nous transmettions la bonne attitude ?
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