Sujet 25/05
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- user_228Participant
Bonsoir,
Je suis un peu fatiguée en ce moment. J’ai dix-huit ans actuellement, et je ne me sens pas très bien. J’étais bonne élève, j’ai arrêté la faculté à cause de harcèlement qui a mené à un burn-out. La personne qui m’a fait vivre cela est malheureusement psychologiquement fragile : elle n’est pas entièrement responsable, bien que consciente de ses actes. Les professeurs ont été avertis, ils ont été à l’écoute, la prise en charge s’est bien passée à la faculté. Mais même après avoir arrêté les cours, cela continuait dans la vie privée. Je passe les détails, mais normalement, c’est à peu près réglé.
Il y a eu aussi des suicides dans ma famille. Un de mes parents était particulièrement proche des personnes en question, mais nous (ma soeur et moi) l’étions également, seulement à un autre degré. Ce degré d’écart justifie, selon ce parent, le fait que notre peine soit moins grande que la sienne, et nous nous sentons comme privées du droit d’avoir mal, et donc, d’en parler au reste de la famille.
Suite au burn-out, ma dépression s’est aggravée. Mon premier épisode dépressif date d’il y a cinq ans, je n’avais jamais contacté de personnel de santé jusqu’ici pour la traiter, et suite à ces bouleversements, j’ai été contrainte de le faire car j’étais vannée. Entre 2019 et aujourd’hui, les années scolaires étaient très belles, sur le plan de la réussite, et assez médiocre socialement parlant. Le revers de la médaille du bon élève, c’est d’attirer la jalousie, et d’en connaître parfois les frais. Quoiqu’il en soit, cette prise en charge tardive s’est suivie de deux mois au lit, puis deux semaines à effectuer un job, mais des TOCs sont apparus, ingérables au travail, et j’ai dû arrêter. J’avais tardé à demander de l’aide, car je ne me sentais pas écoutée par les associations, dont la réaction m’a beaucoup découragée. Mais aussi, parce que, pour une raison qui m’échappe, je n’ai pas confiance en mon généraliste pour ce qui est de l’envergure psychologique.
Plein de choses s’accumulent, et je ne sais pas à qui m’adresser. Le thérapeute que je voyais me mettait en rogne dès que je sortais de sa séance, car le courant ne passait pas. “Parle-en à des amis”. Je ne peux pas, j’ai si honte.
Auparavant, j’avais une amie qui me supportais, alors que j’étais en dépression. Elle s’obligeait à sortir avec moi, pour sympathiser, pendant un an et demi, au moins. Il fut une période où elle était moins présente, me mentait pour sortir avec d’autres personnes, et je ne lui en voulais pas, car je sais que je suis quelqu’un d’ennuyant. Mais cela me faisait mal, et j’ai voulu couper les ponts. Cela l’a beaucoup peinée, elle s’en est voulu de ne pas avoir été assez là (alors qu’elle l’a toujours été, et moi, non). Elle m’a expliqué que, si elle prenait de la distance, c’est parce qu’elle avait vécu quelque chose qui la rendait nerveuse. Je crois que c’est un viol, mais elle n’a jamais dit ces termes et je n’ai pas l’histoire exacte. Ce qui est sûr, c’est qu’on a porté atteinte à son corps, et j’ai eu une réaction absolument infâme : “Oh ben ça va !”. Je me suis excusée par la suite, mais qu’est-ce que je me déteste. Je ne sais pas pourquoi j’ai réagi comme ça. C’était ma seule amie, et maintenant, je préfère la laisser tranquille, car elle est suivie psychologiquement, bâtit une nouvelle vie, semble bien entourée et heureuse : elle s’épanouit, et je suis contente de la voir ainsi. Je préfère rester à l’écart, car à chaque fois que nous nous contactons, elle s’excuse de ne pas répondre plus vite, elle subit une sorte de pression ou de gêne, et ce n’est pas ce que je veux. Il faut qu’elle reste avec des gens sains et qui savent se gérer, elle n’a pas besoin de moi. Je ne lui répondrai plus, de telle sorte qu’elle finisse par se lasser assez de moi pour partir d’elle-même, mais cela me fait souffrir que cela se termine ainsi. J’éprouve de la rancoeur, aussi. Parce qu’elle a reçu de l’aide rapidement. J’ai mis plusieurs mois à contacter une association, qui a accentué mon mal-être, j’ai fini par me résigner et la dépression m’a fait passer à côté de belles rencontres du lycée.
Je n’en parle pas à mes parents. Mon père a de bonnes intentions, mais ses mots ne me rassurent pas : ce sont surtout des vérités générales, qui ne me servent pas à grand-chose.
Ma mère, ce n’est pas évident non plus. Cette histoire de harcèlement n’a pas été prise au sérieux, au début. C’était même de ma faute, si cette personne s’était trop attachée à moi, car je l’encourageais, d’après elle.
Depuis le début du collège, ça a toujours été compliqué, avec ma mère, à cause de la crise d’adolescence. Mais une fois cette dernière passée, cela n’allait pas mieux. Il arrive souvent de faire des remarques sur le corps des autres, de le juger. Le mien, quand j’étais petite, elle aimait le voir nu. Je ne sais pas si c’est vrai, je ne sais pas qui, quoi, quand, mais une chose, dans mon vagin, assez tôt dans ma vie. Je ne sais plus qui, quoi, quand.
Mon corps m’a longtemps dégoûtée. J’avais commencé à l’aimer vers le milieu du lycée, car je voyais le regard des garçons. Je me sentais désirée, cela redonne confiance, et ce fut grâce à lui, mon corps. Mais ensuite, une connaissance avait profité de la foule pour me plaquer contre une paroi du tram et faire des mouvements du bassin, ce qui m’a déstabilisée. Mais il y avait les habits, ç’aurait pu ne pas être le cas, alors j’essaie de relativiser, surtout que c’était un ami d’enfance. Cela ne pouvait pas être réel, cette situation.
Beaucoup de choses tournent dans la tête. Je me souviens de ce garçon que j’avais harcelé quand j’avais 8 – 10 ans. Je me suis excusée vers les 12 – 13 ans, il a accueilli mes excuses, mais qu’est-ce que je m’en veux encore. Mes travers servaient de moyen de pression au lycée pour me charrier : une bonne élève harceleuse, bel exemple d’hypocrisie.
J’ai du mal avec le pardon. A l’accorder, tout comme à le recevoir, si, comme pour cette histoire, on me reproche des faits d’il y a dix ans alors que je voulais sincèrement m’excuser et changer ma manière d’être. Qu’est-ce que ça leur faisait du bien, de voir du mal en moi.
Je ne sais pas trop à qui parler, parce qu’en parler me soulage à peine. Peu importe qu’il y ait une réponse ou non, le réconfort de la parole est temporaire et les idées de suicide sont récurrentes. Néanmoins, ça va : la peur de rater une tentative me dissuade toujours.
Je ne me sens pas légitime de ressentir ces émotions : comment oser se plaindre de petites choses chez une amie, alors que cette dernière s’est faite abuser et que je n’ai pas eu les bons mots pour la soutenir ? Comment pouvoir en vouloir à un harceleur s’il a des troubles psychologiques ? Comment en vouloir à un harceleur, alors qu’on a harcelé ?
Pas légitime, mais surtout, coupable : comment est-il possible d’être jalouse d’une amie qui a su se reconstruire malgré l’horreur qu’elle a vécu ? Elle a trouvé quelqu’un pour l’aider et a un cercle d’amis stable : certes, pas moi, mais je devrais tout de même être heureuse pour elle, c’est mon amie !! Comment se regarder dans le miroir lorsqu’on déteste sa mère ? Une mère, aux yeux de la société, c’est sacré. Je suis incapable d’avoir de l’empathie pour elle, et cela me désole, car toutes ses plaintes me paraissent fausses. Il est vrai qu’elle passe beaucoup de temps à attirer l’attention et personne ne s’oppose à toute cette place qu’elle prend, malgré le fait que cela nous fatigue tous.
Je me sens comme une mauvaise amie, une mauvaise fille, une mauvaise personne. J’ai souvent envie de mourir, parce que tout est blasant. Je n’arrive pas à ressentir de plaisir dans ce que je fais, ni de fierté. La dépression est un cercle vicieux : elle enferme le sujet dans sa propre douleur, à un tel point qu’il ne voit presque plus que sa propre souffrance. Cela l’amène à négliger son entourage, qui peut parfois se sentir délaissé et finit par en avoir marre. J’ai perdu une amie extraordinaire car j’étais trop focalisée sur moi-même. J’essaie de m’ouvrir aux autres en reprenant contact avec la société, mais je ne suis pas fichue de tenir un job. Je ne parle pas de l’angoisse de Parcoursup, où mes voeux ont été effectués alors que le moral n’était pas au rendez-vous. Jusqu’ici, je m’étais accrochée à mon parcours scolaire, pour faire honneur à mes professeurs du collège et du lycée, qui furent comme mes parents, mais j’ai un sentiment de culpabilité envers eux, maintenant que j’ai quitté la faculté. Je ne parle pas de ce genre de choses aux professeurs. Durant une longue période, un professeur fut mon confident, mais pour cela, on le traita de pédophile.
Avec cela, l’automutilation pour eux n’était au collège qu’un moyen d’attirer l’attention.
J’aimerais partir, des fois. Je n’en peux plus, de tout ce monde qui tourne dans la tête. Ou bien je voudrais tout foutre en l’air. Mais je dois tenir bon. Je suis juste fatiguée.Merci pour cette éventuelle lecture. J’espère que ce témoignage en aidera d’autres
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