Une vie en psychiatrie
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- Chaos
Bonsoir,
Cela fait des années que je ne suis pas venue sur ce forum. Ça me fait tout drôle. La première fois je devais avoir 11 ans, aujourd’hui j’en ai 23. Je dois faire partie des vielles de ce site. 12 ans ont passé et pourtant…
Je crois que je me suis fais du mal de toutes les manières possibles, physiquement comme mentalement. Aujourd’hui, je suis couverte de cicatrice, accro aux médicaments, maigre comme un coucou et avec un (gros) problème d’alcool. Je préfère dire problème d’alcool, ça me paraît moins violent que l’alternative. Cela me permet aussi de maintenir une forme de déni. Même si j’en suis à deux coma éthylique, une intoxication médicamenteuse et trois hospitalisations. Que me reste-t-il encore à nier ?
Alors voilà, après 12 ans à me chercher, à essayer de comprendre, de compenser mon mal-être par toutes les possibilités auto-destructrices possibles, après avoir détruit mes proches aussi bien que moi-même, le diagnostic est enfin tombé : troubles de l’humeur. J’ai toujours souhaité avoir un diagnostic, une maladie, quelque chose qui expliquerait ce trou profond dans lequel je m’enfonce moi-même depuis tant d’années. Sauf que maintenant qu’il est là, il est difficile à accepter. Des troubles de l’humeur, c’est à vie. Pas de perspectives de sorties. Alors oui, je peux parvenir à me stabiliser, mais j’aurais toujours des rechutes. L’inévitable m’effraie. L’inévitable me donne envie d’abandonner. C’est comme si la dernière étincelle qui s’accrochait à la vie jusque-là s’était éteinte. Non pas que je cours après la mort, mais j’ai acquis un désintérêt des plus total envers moi-même et mon corps. Alors qu’importe si je fais une overdose ? Qu’importe si je ne mange pas pendant des jours ? Qu’importe si je suis tellement soûle qu’on me retrouve nue et en hypothermie dans la rue ? Qu’importe ce que je peux faire de moi-même ?
Je devrais être inquiète. Je ne le suis pas. Je devrais être désespérée. Je ne le suis pas non plus. Les sentiments ont du mal à m’atteindre ces derniers mois. Ou ces dernières années ?
Entre mon psychologue, mon psychiatre et mon médecin traitant, je suis bien entourée et pourtant… Pourtant je ne vais pas mieux, pourtant cela fait quelques années que la réalité se mélange, se confond. Je ne sais plus ce qui tient du réel et de mon imagination. Je n’ai pas encore trouvé de solutions pour différencier les deux. Alors j’essaie d’exister, sans même savoir ce qui est vrai, ce que j’invente, ce que j’ai oublié. Je suis déconnectée du monde. Pas car je suis dans la lune ou que je n’aime pas mon existence, non, je suis vraiment déconnectée. Au sens où il me faut des semaines, des mois, pour intégrer un fait : est-ce vraiment moi qui ai fait ça ? Oui. Il me faut parfois des mois pour réaliser qu’une chose ne s’est jamais passée. Je dois vivre en doutant constamment de moi-même, de mes perceptions. Si mes consommations baissaient, cette déréalisation diminuerait certainement. Et pourtant, quand je me sens partir, la première chose que je fais c’est prendre des médicaments, boire, tout faire pour oublier, pour ne pas ressentir, pour ne pas réaliser.
La seule astuce que j’ai trouvé, c’est écrire. J’écris tout, sur des post-it, dans un carnet,… Au moins je peux relire. Et aujourd’hui j’écris ici. Je ne sais pas dans quel objectif à vrai dire, je n’attend pas de conseils. Ce message répond à un désir purement égoïste, celui de dire au monde que je ne vais pas bien, mais que j’existe. Pour l’instant.
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