La procrastination : “demain je le fais”
Ça y ressemble, mais non, ce n’est pas un gros mot ! Ni la dernière pratique sexuelle à la mode. Sous ce terme peu chatoyant se cache pourtant une activité que les ados adorent pratiquer par-dessus tout : remettre au lendemain ce qui pourrait se faire le jour même. Ça te dit quelque chose ?
« Tout à l’heure, dans 2 minutes, pas maintenant, demain, je suis occupé… », voici sûrement les petites répliques que tu envoies à ta mère ou à ton père lorsque l’un d’eux a le toupet de te demander un service, ou pire encore de faire tes devoirs ou ranger ta chambre !
Ce n’est pas que tu refuses catégoriquement de le faire, tu l’envisages même tout à fait mais… pas maintenant. C’est vrai qu’ils ont le chic, tes parents, pour venir te déranger au moment où tu es le plus occupé. Mais rassure-toi, tous les parents sont comme ça ! Et on peut dire que tous les ados sont comme toi : ils remettent à plus tard ce que leurs parents leur demandent de faire maintenant.
Pourquoi est-ce si systématique ?
Principalement parce qu’à l’adolescence on a l’impression d’avoir toute la vie devant soi et toujours beaucoup de temps pour faire ce qui est désagréable. En revanche, curieusement, ce qui est agréable dispose de beaucoup moins de temps et doit se faire TOUT DE SUITE !
Entre parents et enfants, il y a deux fonctionnements différents qui s’affrontent : les parents (dans leur rôle de parents qui éduquent) fonctionnent essentiellement dans ce que les psys appellent le principe de réalité, alors que toi, jeune ado, tu fonctionnes principalement dans ce qu’ils appellent le principe de plaisir. Vos attentes à ce moment-là ne sont pas du tout les mêmes : tes parents veulent obtenir de toi que tu exécutes immédiatement une action contraignante qu’ils estiment urgente et légitime, alors que toi tu veux profiter de ce moment intense de plaisir dont tu sembles ne pas pouvoir te passer dans l’immédiat.
Quand procrastiner devient un problème
Si les disputes entre parents et enfants pimentent le quotidien, pour certains ados cependant, le fait de remettre systématiquement à plus tard ce qu’ils ont à faire peut finir pas poser problème. En effet, ce qui n’est jamais fait reste en suspens et parasite la tranquillité de chacun. Car si toi, par exemple, tu repousses à plus tard le moment inévitable où tu devras pondre ta rédac’ pour la rendre à temps, il n’empêche que tu l’as toujours dans un coin de ta tête, cette rédac’, et qu’elle revient te stresser au moment où tu t’y attends le moins. Tu n’es finalement pas complètement libre et son souvenir se rappelle à toi de façon très désagréable. A cela s’ajoute que tout ce que tu as remis à plus tard s’accumule. Te dire que tu auras largement le temps de le faire plus tard ne te soulage que très passagèrement. Il arrive parfois que devant la somme de choses repoussées, certains se découragent complètement et se laissent submerger. Peuvent naitre alors des sentiments de culpabilité et de honte dont on se sort difficilement et qui peuvent être le signe d’un mal-être plus profond.
L’art de négocier
Pour tenter de sortir de l’impasse où chacun campe sur ses positions (tes parents exigent « tout de suite » et toi tu réponds « plus tard »), tu vas devoir faire preuve de maîtrise dans l’art de la négociation. Il va falloir que tu envisages d’accepter la contrainte immédiate de tes parents afin de pouvoir, à un autre moment, jouer la montre. En effet, si tu vas dans le sens de tes parents à certains moments-clés, ils iront aussi dans ton sens à d’autres. Et puis rien de tel qu’un peu d’organisation et d’anticipation afin de ne pas te sentir au pied du mur quand la « dead-line » est arrivée. Il faut que tu puisses repérer dans ton emploi du temps, les moments creux, propices à faire ce qui t’embête et te contraint, afin d’en être libéré-e dans les moments plus excitants. Tes parents seront bien contents de voir qu’ils n’ont pas eu à te répéter pour la énième fois de faire ci ou de faire ça et seront, du coup, plus souples pour t’accorder telle ou telle demande.
Et, juste pour le fun, essaie de t’imaginer tes parents te répondant « plus tard », quand tu leur demandes l’autorisation d’aller rejoindre tout de suite tes copains au fast food ? Ça te ferait quoi… ?
Donc comme le dit si bien le dicton : « ce qui est fait n’est plus à faire ».
Alors… action !