Les “no sex”
Dans les magazines, sur internet et les réseaux sociaux, un phénomène est apparu depuis quelques années : les “no sex”. Plus qu’une simple “tendance”, ce mouvement vient poser les questions des désirs, des envies, du choix, de la normalité… Essayons de démêler tout ça !
“No sex” kézaco ?
Toutes les personnes qui emploient le terme ne parlent pas de la même chose. Pour certains il s’agit d’un choix délibéré : “je décide, pendant un temps plus ou moins long, de ne pas avoir de relations sexuelles” (ce qui correspond à une “abstinence”). Pour d’autres, c’est plutôt quelque chose qui s’impose : “je ne ressens pas de désir sexuel, le sexe ne m’attire pas, je peux nouer des relations mais pas sur le plan sexuel”.
Le mouvement “no sex” revendique cette absence de désir : ce ne serait pas un comportement particulier, mais une orientation sexuelle comme une autre. Les membres des associations no sex expliquent qu’ils n’ont rien contre les relations sexuelles, mais qu’ils ne veulent pas que la société leur impose. Pour eux, si on peut choisir d’avoir une sexualité hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle, on peut aussi faire le choix de ne pas en avoir.
Ça c’est pour re-situer un petit peu les choses. Mais laissons de côté la revendication, les aspects politiques et collectifs. On peut penser que les motivations des personnes qui rejoignent ce mouvement sont propres à chacune… Le plus important, c’est peut-être de voir comment ça peut te toucher toi !
Je n’ai pas de relations sexuelles : suis-je no sex ?
Lorsqu’on devient ado, que débute la puberté, le corps se transforme. Tu deviens ainsi un homme ou une femme, avec tout ce qu’il faut corporellement pour avoir des relations sexuelles.
A partir de là, tu peux ressentir une pression liée à la sexualité : les discussions entre potes qui se multiplient (avec parfois beaucoup d’exagérations !), les sites, magazines et émissions qui parlent de sexualité, etc. Ton monde se colore peu à peu de sexualité. Ça peut te donner la sensation d’une urgence à te lancer dans la vie sexuelle… et parfois générer une réelle souffrance si ça ne marche pas comme tu le souhaites.
Mais le début de la puberté ne signifie pas qu’il faut absolument débuter une sexualité partagée. Entre avoir “ce qu’il faut” physiquement et être prêt dans sa tête, il se passe une période plus ou moins longue en fonction de chacun, et il est important de respecter ton propre rythme.
Et puis le sexe n’est pas déconnecté du reste : les rencontres, les envies, les sentiments ne se commandent pas. Rencontrer quelqu’un qui te plaît et à qui tu plais, oser l’aborder, nouer une relation… tout ça demande du temps, des efforts, la traversée d’expériences plus ou moins heureuses. En bref, ne pas avoir de relations sexuelles quand on est ado ça n’a rien d’anormal !
Je n’ai pas de désir
Tout au long de la vie, le désir peut varier tout autant que les sentiments : il est normal d’avoir des périodes où notre désir est moins fort. Parce qu’on est plongé dans un projet qui occupe notre esprit, qu’on est préoccupé ou stressé, parce qu’on a vécu un évènement difficile, parce qu’on est triste ou moins sûr de soi… Mais ce sont alors des baisses de désir passagères.
Là encore, ne pas ressentir beaucoup de désir au début de ta vie sexuelle n’a rien d’inquiétant. Tu as beaucoup de choses à gérer : des relations qui se créent ou se défont, des sentiments et des pensées qui se mélangent, des angoisses qui émergent… faire le tri et t’y retrouver prend du temps !
Ne ressentir aucun désir sexuel c’est très différent. Beaucoup de choses, réelles ou imaginaires (liées aux représentations), peuvent provoquer des blocages parfois difficiles à vivre. On n’est plus tout à fait dans le même cas de figure, mais on peut avoir tendance à se “cacher” derrière une revendication alors qu’on souffre au fond de cette absence de sexualité. Malgré le caractère intime de ces questions, il peut être intéressant d’en parler à un professionnel (médecin, psychologue…) pour comprendre ce qui est en cause.
La sexualité est multiple, plurielle, changeante, mouvante… Elle se construit tout au long de la vie. On a le droit d’avoir moins de désir, d’aimer les hommes, les femmes, les deux, de ne plus avoir de relations sexuelles pendant quelques temps, d’y replonger avec délice, de faire des expériences, d’imaginer, de rêver, de fantasmer… Finalement, le plus dangereux c’est peut-être de se rigidifier dans une attitude qui n’autorise aucune évolution. A l’adolescence et au début de ta vie adulte tu es encore en pleine construction : reste souple et ouvert d’esprit ;-).