Moi et les autres quand je suis placé
Ma famille, ma famille d’accueil, les éducs, les assistants sociaux, le juge des enfants, le psy, les copains et copines… avec chacun c’est différent. Et puis, si on a envie d’aller faire du sport on demande à qui ?
Quand on est placé les relations aux autres ne sont pas toujours évidentes. Les changements brutaux d’univers, les différences avec les copains, les nouvelles contraintes… tout cela demande beaucoup d’adaptation.
Ma famille
Quelle que soit la raison pour laquelle on est placé, on vit toujours une séparation. Cette séparation d’avec ses parents, ses frères et sœurs… est mise en place pour permettre à chacun de se protéger et se construire. Mais c’est souvent douloureux et difficile à accepter.
Nos parents, notre famille, c’est souvent ce qui nous permet de nous souvenir de notre histoire. Couper ce lien, c’est parfois avoir l’impression de n’avoir plus d’histoire : « qui je suis, si je n’ai pas de passé ? » Mais ce n’est pas parce qu’on ne vit plus ensemble que l’on ne pense pas à eux.
Selon les situations, on peut avoir besoin d’avoir une photo, un objet (un foulard, une chemise…) qui permettra de gérer un peu les moments de manque. Et puis on peut aussi s’appeler, s’écrire, se rendre visite… pour comprendre ce qui s’est passé et aussi comment vivre ensemble sans se faire mal.
Ma famille d’accueil
Des inconnus nous accueillent sous leur toit pour quelques jours, quelques mois ou plusieurs années. Souvent on ne sait pas comment ça va se passer, qui ils sont, quelles sont leurs motivations (argent, générosité, manque d’enfant)… ? On peut même leur en vouloir et les rendre responsables de tous nos problèmes tout en sachant bien que ce n’est pas la réalité. On peut être en colère ou soulagés, mais on ne peut pas vraiment éviter de craindre un peu cette nouvelle rencontre.
Une famille d’accueil c’est un lieu pour essayer de repartir sur de nouvelles bases. C’est souvent très différent de sa famille et l’on n’aime pas du jour au lendemain ces personnes qui nous sont étrangères. Vivre avec eux n’est pas tout de suite naturel.
Mais on peut apprendre à se connaitre, se respecter puis parfois (mais ce n’est pas obligatoire) s’apprécier. C’est une occasion de construire de nouvelles relations avec des adultes de confiance. Et si ça ne se passe pas bien il est toujours possible de demander de l’aide aux professionnels de l’enfance responsables de notre suivi (Juge des enfants, Assistante sociale, Éducateurs…).
Les professionnels qui m’entourent
Tu te demandes qui tu es pour eux ? Un numéro de dossier, un jeune « de plus », l’enfant qu’ils n’ont jamais eu, leur protégé, un petit frère ou une petite sœur, un ami ? Pas facile de nouer des relations d’affection quand la relation est un peu déséquilibrée.
Pour autant ce professionnel qui travaille à t’aider et t’informer peut aussi être agacé, attendri, amusé.
Parfois, il faut un peu de temps pour faire confiance et se sentir à l’aise. En attendant, le respect de l’autre et de son travail : c’est une bonne base pour ne pas pourrir tout de suite une situation qui risque de durer. Non ?
Les copains
Il y a ceux qui sont placés eux aussi : « pas de difficultés à se comprendre, on vit la même chose ! » Mais est-ce si vrai que ça ? Finalement on a souvent des parcours très différents. Et si on ne pose pas de question on ne peut pas vraiment savoir ce que l’autre a vécu et pourquoi il est placé… Pour bien se comprendre peut être qu’il est important de rester délicat mais curieux.
Et puis il y a les autres… Ceux qui ne sont pas placés. Leurs questions peuvent nous blesser, nous « gonfler » ou nous gêner. Difficile voire impossible de les inviter chez soi car on ne sait pas très bien ce que c’est « chez soi ». On peut parfois avoir un peu de mal à se comprendre… surtout si l’amour s’en mêle !
Et qu’est-ce qu’on fait de ses anciens copains dont on est séparés ? La distance n’est plus aujourd’hui un obstacle majeur pour continuer à être en contact. Grâce aux réseaux sociaux, on peut toujours si on en a envie passer un peu de temps ensemble. Et puis quand ce sera possible on pourra leur faire découvrir notre nouvel univers, parce que chez soi c’est surtout là où l’on se sent bien !
De nouvelles règles de vie
Être placé, c’est aussi accepter de nouvelles règles pour vivre ensemble. Si nos parents ne nous demandaient jamais de passer l’éponge à la fin du repas, faire la vaisselle, son lit… il peut arriver que l’on nous le demande au foyer ou en famille d’accueil. Des nouvelles contraintes à respecter donc !
Pour les loisirs ou les temps libres c’est pareil. On ne sait pas toujours à qui demander et comment faire pour avoir des moments de liberté. On peut même avoir des modes de fonctionnement tellement différents que nos valeurs se trouvent toutes chamboulées.
Il faut du temps pour appréhender ce nouveau quotidien. Les choses se font par étapes. Pas la peine de s’énerver ou d’abandonner souvent il suffit de demander pour comprendre !
Enfin, quand les relations aux autres sont conflictuelles ou douloureuses, on est là nous ! Fil Santé Jeunes c’est une écoute par mail, chat’ ou au 0800 235 236, anonyme et gratuite, 7 jours 7. Alors un coup de blues ? Pas d’hésitation passe-nous un coup de fil !