Muer, ça veut dire quoi ?

On connaît ce terme chez les animaux : changer de peau, de poils, de plumage, de carapace… Cette mue est en général cyclique : elle revient chaque année ou à chaque changement de saison. Mais ça se dit aussi de la voix des ados, des garçons plus particulièrement, au moment de la puberté. La voix devient plus forte, plus grave, plus « virile ». Avant d’arriver à avoir un timbre de voix adulte, la voix peut traverser une période d’instabilité qui peut parfois agacer ou gêner car on ne maîtrise pas toujours les dérapages dans les aigus…

Pourquoi on mue ?

Le changement de la voix a lieu au moment de la puberté, vers 13 ans en moyenne. La période de mue peut durer de 3 mois à un an environ, période au cours de laquelle la voix est plus ou moins instable.

La mue est provoquée par une modification des cordes vocales sous l’influence des hormones. Avec la croissance, le larynx situé dans la gorge s’agrandit et les cordes vocales s’allongent et s’épaississent. Le timbre de la voix est directement lié à l’épaisseur des cordes vocales : si elles sont fines, elles vibrent rapidement et donnent une voix aiguë, alors que si elles sont épaisses, elles vibrent plus lentement et donnent une voix plus grave.

La mue concerne les individus des deux sexes, mais elle est plus marquée chez les garçons que chez les filles, puisqu’elle est surtout influencée par les hormones mâles (testostérone).

Trouver sa voix…

La voix est le support du langage et de la communication, et joue donc un rôle important sur le plan social.

En Europe par exemple, les voix aiguës ont tendance à être dévalorisées, alors que les voix graves sont synonymes de pouvoir. Les spécialistes ont même remarqué qu’avec l’accession des femmes à des postes à responsabilité, leur voix avait tendance à devenir plus grave ! Ainsi, lorsqu’on a une voix aiguë, qui n’entre pas dans ces “normes”, il est parfois difficile d’être pris au sérieux…

C’est le cas pendant la période de mue où la voix peut dérailler et faire des sauts dans les aigus quand on parle plus fort. On peut être l’objet de moqueries des copains ou des copines, ou pire, être confondu avec sa mère au téléphone … Mieux vaut le prendre avec humour et savoir en plaisanter car, tout le monde y passe (sauf cas particulier), et autant être fier de grandir et d’avoir bientôt une voix d’adulte!

Il n’existe pas de médicaments pour forcer la voix à changer, et éviter ainsi cette période d’instabilité vocale : c’est la nature qui choisit son moment et c’est important de le respecter.

Un certain nombre de personnes sont insatisfaites de leur voix, qu’elles ne trouvent pas en accord avec leur apparence ou leur personnalité. Certains le vivent bien, d’autres en sont véritablement gênés. Une solution peut-être alors de recourir à un orthophoniste ou à un phoniatre, pour quelques séances de “rééducation” qui permettent d’apprendre à mieux connaître sa voix, à la placer et à la maîtriser. Les cours de théâtre et de chants peuvent aussi t’aider à mieux maitriser toutes les nuances de ta voix.

Si on aime chanter

Lorsqu’on fait du chant, on ne peut plus chanter dans les mêmes hauteurs : la voix fait le yoyo entre les aigus et les graves et on ne tient pas la note. En général, la voix baisse d’une octave suite à la mue. Il faut donc réapprendre à chanter mais dans une autre tessiture (échelle des sons émis par une voix sans difficulté).

A une époque, l’adoration de la voix aigüe était telle qu’on pratiquait la castration de jeunes garçons, bons chanteurs, pour empêcher la mue et conserver le registre aigu de la voix enfantine, tout en bénéficiant du volume sonore produit par la capacité thoracique d’un adulte (comme dans le film sur le fameux castrat Farinelli de Gérard Corbiau). Aujourd’hui, certains chanteurs ont heureusement trouvé une technique vocale pour chanter toujours dans les aigus mais sans castration, on les appelle des Haute-Contres.

Quand la mue n’a pas lieu

Dans certains cas, la mue de la voix n’a pas lieu, à cause d’un problème hormonal ou bien psychologique.
Si tu es inquiet, tu peux aller voir ton médecin généraliste pour faire le point sur ta puberté, ou un endocrinologue pour effectuer un bilan hormonal, ou encore en parler à un psychologue.