Qui suis-je ? D’où je viens ?
La question de l’identité est centrale pour tous les adolescents. L’adolescence, c’est LE moment où on se demande qui on est, par rapport à son histoire familiale. C’est le moment où on se distancie de ses parents et de sa famille pour construire son propre chemin.
Quand on a été adopté, ce questionnement peut s’avérer plus compliqué.
La singularité de l’adoption
Construire son identité, cela se fait toujours en s’appuyant sur son histoire et sur l’histoire de sa famille. Cela permet de comprendre (au moins en partie) ce qui nous a été transmis par les générations précédentes, et de décider ce que l’on veut en faire.
A la question “Qui suis-je ?”, l’adoption propose une réponse toute singulière, à double entrée. Toutes les réponses que l’on va trouver ne concernent pas une seule famille, mais deux. Avec l’adoption, notre identité repose sur une double filiation, au moins : une filiation « biologique » et une filiation « adoptive ». On est le fruit de deux arbres généalogiques.
Qui sont mes « vrais » parents ?
De mes parents adoptifs ou de mes parents biologiques, qui sont mes « vrais » parents ? Si l’on se pose la question en termes de vérité, de « vrai », on a toutes les chances de continuer à buter sur cette question. Parce que cela revient à se demander qu’est-ce qui est le plus « vrai » de la biologie ou de l’Histoire et c’est une question absurde : qu’est-ce qui est le plus vrai de la division des cellules ou de la bataille d’Azincourt ? Réponse : les deux !
Il ne s’agit pas de mettre en concurrence les deux histoires, même si cela peut se produire et se produit dans beaucoup de parcours d’hommes et de femmes adoptés, mais de faire avec son histoire, sa complexité, sa richesse et les cicatrices qu’elle laisse.
« Miroir, mon beau miroir, dis-moi de qui je suis l’enfant »
Se regarder dans un miroir, ce n’est pas seulement examiner si l’on a un bouton sur le nez. C’est aussi s’affronter avec un soi qui peut nous surprendre, nous déstabiliser et avec des ressemblances familiales troublantes, qui, pour désagréables ou agréables qu’elles soient, nous rappellent qui l’on est, d’où l’on vient.
Quand on est adolescent, on a parfois du mal à se reconnaître dans le visage et dans le corps en mutation que nous renvoie le miroir. Quand on a été adopté, souvent, on développe des ressemblances avec ses parents, ses frères et sœurs adoptifs, par mimétisme : on a le même sourire que sa mère, la même façon de rire que son père, les mêmes « tics » de langage que son frère, etc … Mais on ne peut pas s’empêcher de se demander, plus ou moins fréquemment, à qui d’autre on ressemble, si quelque part, il y a un homme, une femme, un garçon qui a cette même forme de nez, ce même arc de sourcils.
Face à ces questions, on peut parfois développer une importante curiosité, des rêveries, des fantasmes positifs et/ou négatifs, parfois obsédants et douloureux à l’égard de ses origines – pays, famille, fratrie, parents. Ces questions peuvent se combiner avec LA grande question : celle de la séparation d’avec la famille biologique. Que s’est-il passé ?
Finalement, adoption ou non, chacun a son propre parcours, ses propres questions. On répond à certaines, on renonce à d’autres qui ne trouveront jamais de réponse. Et c’est quand on a appris à tolérer l’inconnu, l’incertain, le « sans-réponse », qu’on arrive à avancer pas à pas et à se construire.
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