Un psy pour les parents ?
« Nan mais mon père il a un problème… faudrait qu’il consulte ! » ; « Ma mère dit que je devrais voir un psy, mais c’est elle qu’est pas bien dans sa tête ! » ; « Au secours ma mère/mon père pète les plombs ! ». Il arrive que ces paroles ou juste ces idées nous occupent l’esprit. Parfois elles sont confiées aux copains ou à des adultes, et parfois on les garde pour soi. Mais qu’est ce qu’on peut en faire exactement ?
Des parents qui vont mal
Dans la logique des choses, les parents doivent prendre soin de leurs enfants et être suffisamment solides pour les aider à grandir. Cependant il arrive que certains parents n’y arrivent pas. C’est comme ça ; il peut y avoir une fragilité au départ, ou bien ça peut être des événements, des épreuves qui les auront déstabilisés (un accident, un décès, un traumatisme, une séparation etc…). Alors bien-sûr c’est normal à certains moments d’être mal dans sa peau, mais il y a des situations où vivre avec la détresse d’un parent devient très compliqué.
Quand les parents déraillent, c’est-à-dire quand ils se disputent quotidiennement, sont déprimés, négligents, absents, toujours en colère, ou bien lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes plus graves comme l’alcoolisme, la maltraitance etc… on a du mal à se rendre compte au départ que ce n’est pas normal. Parce que les parents sont censés être des adultes sur lesquels on peut s’appuyer. Ils devraient être forts, veiller sur nous, nous protéger. On n’imagine pas qu’ils puissent être aussi mal – au point parfois d’abandonner leur rôle de parent. Pris au cœur du climat familial, on n’a pas forcément le recul pour voir qu’ils souffrent. Puis avec la maturité et en comparant avec la famille des copains, on finit par réaliser que quelque chose ne va pas. Alors comment faire ?
Se faire soigner pour aller mieux
Au même titre qu’on va chez le dentiste quand on a mal aux dents, ou bien que l’on va chez l’ophtalmo quand on ne voit pas bien, pourquoi pas aller voir un psy quand on va mal dans sa tête ? Au-delà des MDA, des CMP et des PAEJ qui existent pour les jeunes, il y a aussi des lieux où les parents peuvent consulter un psy de façon individuelle, en couple ou même en famille. En effet il arrive que nos relations avec eux soient mises à mal à cause de leur mal-être. Mais les parents ne se rendent pas toujours compte qu’ils ont besoin de consulter : ils minimisent les choses en se disant que ça passera, que ce n’est pas grave. C’est ce que l’on appelle avoir des résistances.
Il est vrai que ce n’est pas facile d’aller chez le psy (que l’on soit adulte ou ado d’ailleurs), parce que bon nombre de personnes s’imaginent que « les psys c’est pour les fous » ; et aussi parce que ça implique de faire un travail sur soi, c’est-à-dire de réfléchir à ce qu’on vit, à ce que l’on ressent, accepter de se remettre en question. Et puis c’est difficile d’inciter son père ou sa mère à consulter parce qu’en tant qu’ado ce n’est pas notre place, ce n’est pas notre rôle et parfois ce qui leur arrive ne nous regarde pas. Alors on se sent triste, bloqué, impuissant, on se demande ce qui peut les aider.
On peut s’autoriser à dire qu’on aimerait les voir en bonne santé et heureux, mais le fait qu’un parent consulte dépend surtout de sa capacité à réaliser qu’il en a besoin et de son envie d’aller mieux.
L’important serait peut-être de parler de ce qu’on ressent à une personne de confiance (une tante, un grand-père…), de notre sentiment d’impuissance. Peut-être cette personne se permettra-t-elle de discuter avec lui pour voir ce qui se passe. Ne pas porter seul-e cette peine est essentiel pour continuer à avancer. D’ailleurs si tu rencontres une difficulté comme celle-là, n’hésite pas à appeler Fil Santé Jeunes au 0800 235 236, ou à écrire à l’équipe dans l’espace Pose tes Questions.