Et si j’aime pas voyager ?
« T’es parti(e ) où pour les vacances ? », « Tu te ferais pas un petit voyage ? ». On a parfois l’impression d’entendre qu’il faut voyager comme si le voyage était un parcours obligatoire dans une vie « réussie ». Mais quand on ne partage pas cette excitation, ça peut vite devenir agaçant. Surtout quand les potes en rajoutent une couche en partageant sur les réseaux sociaux leurs photos de vacances à l’étranger… Comment faire, quand on ne se sent pas concerné, pour assumer sa position devant les autres et leur dire haut et fort que, finalement… on n’aime pas voyager !! Voici quelques arguments à l’usage des casaniers qui sont heureux chez eux !
A chacun ses plaisirs
La première chose, et peut-être la plus importante, c’est que le voyage doit avant tout être un plaisir ! Et comme tout plaisir, il convient à certains mais pas à d’autres. Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas ! Pour le voyage, c’est la même chose. On voit bien ce que ça peut apporter d’aventures, d’exotismes et de nouveautés, mais on n’est pas obligé d’en avoir envie. Il y a des gens qui préfèrent profiter de leur quotidien, de leur quartier et de leurs habitudes. Et après tout, on a en bien le droit ! Il y a du bon à savoir profiter de son petit chez-soi avec ses plaisirs simples et ses repères. Jouir d’une vie tranquille et d’une routine douce, dans un quotidien qu’on a appris à aimer, c’est aussi faire preuve de sagesse.
C’est le deuxième point. A trop valoriser « l’ailleurs » on finit par dévaloriser « l’ici » dans lequel on est le plus souvent. « L’ailleurs » à ses charmes bien-sûr, mais « l’ici » aussi pour celui qui sait y regarder de plus près. Pour ceux qui n’ont pas l’envie ou la possibilité de voyager, faute de temps ou de moyens, le quotidien peut lui aussi offrir son lot d’exotismes et d’aventures ! Il est bon aussi de se laisser surprendre par des choses qui nous ont jusqu’ici toujours paru naturel et aller-de-soi : prendre le temps de VRAIMENT visiter son quartier, participer aux activités qu’il propose, y découvrir de beaux paysages cachés. Bref, s’y installer véritablement.
Se donner le temps de rêver
Demeurer sur place, peut aussi être vu comme une forme de voyage. Non pas un voyage dans l’espace mais un voyage dans le temps, autant qu’un voyage intérieur. A trop courir dans tous les sens pour tout voir, on n’a parfois qu’une vision très superficielle du monde parcouru. Un peu comme ce paysage qu’on voit défiler par la fenêtre d’un train à pleine vitesse : on a juste le temps d’apercevoir quelques belles images avant qu’elles ne soient remplacées par d’autres. Et est-ce qu’après avoir parcouru le monde à toute vitesse, on l’a vraiment « découvert » ?
Il est légitime par moment de vouloir prendre le temps, de ralentir un peu sa course et d’observer dans le détail tous les contours du paysage. En restant sur place, on peut explorer les choses en profondeur. Sa maison, son quotidien, ses proches, sa ville ou son pays, ils sont comme ces paysages qu’on voit défiler par la fenêtre. En se précipitant pour en voir de nouveaux, on peut manquer l’essentiel.
Et si j’ai peur de partir ?
Mais, qu’on se le dise, si on ne voyage pas, ce n’est pas toujours parce qu’on n’aime pas ça : c’est aussi et surtout parce qu’on a peur. Peur de partir loin de chez soi et ses proches, peur de l’inattendu, peur de ne pas savoir gérer les situations compliqués à l’étranger… Bref ! Toutes les raisons qui nous retiennent chez nous. Mais peu importe, il est important aussi de s’écouter et d’être sensible à ces peurs qui parlent en nous. Ça ne veut pas dire qu’on ne pourra jamais les dépasser, mais si aujourd’hui la peur est plus forte, acceptons-le.
Il existe de nombreux moyens pour combattre ces peurs. La priorité, c’est d’abord de bien les cerner : de quoi est-ce que j’ai peur exactement ? Avoir peur de s’éloigner trop longtemps de ses proches, ça n’est pas la même chose que d’avoir peur de paniquer une fois sur place car on ne comprend rien à la langue ! Et les solutions ne sont pas non plus les mêmes : dans un cas, on peut commencer par faire des voyages courts, avant de les allonger petit à petit pour se mettre à l’épreuve ; dans l’autre cas, on peut se donner les moyens d’apprendre les bases de la langue du pays dans lequel on aimerait aller avant de partir. A chaque problème, il existe sa solution ! N’hésite pas à parler autour de toi des difficultés que tu rencontres, tu trouveras forcément des gens qui les partagent. Vous pourrez alors vous soutenir mutuellement
Finalement ce qui compte, c’est moins de partir ou de rester, que de demeurer ouvert à l’inattendu autour de soi. Il y a parfois des voyages qui nous apprennent peu de choses sur nous-même et dont on ne sort pas grandit, et des expériences quotidiennes qui nous changent à tout jamais. Il n’est pas toujours utile d’aller chercher le bonheur loin de soi alors qu’on peut le trouver en nous-même.