🎙️Interview : musicien, un métier comme un autre ?
Nous avons voulu en savoir plus sur le métier de musicien. Julien Alour, trompettiste de jazz, a eu la gentillesse de bien de bien vouloir répondre à nos questions. Alors pour en savoir plus sur ce métier, viens lire notre interview !
Fil Santé Jeunes : Bonjour Julien Alour ! Tout d’abord merci d’avoir accepté cette interview exclusive pour filsantejeunes.com. Et si nous commencions par le commencement ?! Vous souvenez vous de la/les première/s fois où vous avez joué d’un instrument ?
Julien Alour : J’ai commencé à 7 ans. J’étais le seul de la famille à pouvoir souffler dans la corne de brume du bateau et il me fallait un instrument à la mesure de mes super-pouvoirs ! Ensuite, j’ai eu la chance de voir le concert d’un trompettiste qui était le professeur de l’école de musique et je suis allé le voir après. Ça s’est fait naturellement, comme ça.
A l’époque, on voyait encore pas mal de trompettistes à la télé: Maurice André ou Dizzie Gillespie. Ils me fascinaient. Je ne sais pas exactement pourquoi mais j’étais très attiré par cet instrument.
Fil Santé Jeunes : Comment votre passion est-elle devenue un métier ?
Julien Alour : J’ai fait un parcours classique jusqu’à 18-19 ans et j’ai fait des rencontres qui m’ont mis sur la voie du jazz, à 20 ans. J’ai commencé par faire une école privée quand je suis arrivé à Paris, puis j’ai fait le Conservatoire National Supérieur de Musique (CNSM). De fil en aiguilles, je me suis fait une sorte de réseau. Quand vous êtes passionné par quelque chose, il y a un réseau qui se met en place naturellement.
Il faut aussi énormément de travail : j’ai vu beaucoup de concerts, j’ai pris beaucoup de conseils à droite à gauche et j’ai écouté beaucoup de musique pour vraiment rentrer dans le son du jazz.
Fil Santé Jeunes : Pourriez-vous nous décrire une journée type ?
Julien Alour : Il n’y a pas vraiment de journée-type. Un musicien est souvent du matin au soir dans la musique. C’est quelque chose qui vous habite 24h sur 24h. Que vous soyez ou non à votre instrument, quelque part vous êtes dans la musique parce que vous pensez à ce que vous allez travailler, vous pensez à la manière dont vous allez approcher votre travail aujourd’hui.
Au quotidien, il peut y avoir un échauffement, une demi-heure de travail vraiment de base. J’ai plusieurs instruments : à côté de la trompette, je fais aussi de la batterie …
J’écoute beaucoup de musique, je transcris des solo et ensuite j’essaye de mélanger tout ça pour faire ma propre sauce. Il y a du travail de composition aussi.
Fil Santé Jeunes : Diriez-vous qu’enseigner la musique fait également partie de votre job ?
Julien Alour : Ça fait toujours partie de la mission d’un musicien de transmettre donc oui j’enseigne un peu. Même si ce n’est pas mon activité principale, c’est quelque chose qui me plait beaucoup et j’enseigne régulièrement.
Fil Santé Jeunes : De manière plus globale, quelle place la musique occupe-t-elle dans votre vie ?
Julien Alour : La musique est vraiment au centre de ma vie, du matin au matin suivant ! Mais ce n’est pas non plus une obsession de chaque instant ! C’est juste qu’on vibre avec la musique qu’on fait.
C’est quelque chose qui fait énormément de bien. La musique ça permet de rencontrer des gens et de partager des moments humains intenses. Quand ça se passe bien on rentre dans une espèce de symbiose profonde et ça fait du bien de partager quelque chose comme ça.
Après il y a des difficultés énormes aussi : on se retrouve face à soi-même. C’est comme si on se regardait dans un miroir, on est face à nos doutes, à nos émotions qui changent tout au long de la journée, de la semaine, de l’année. Et il faut trouver une constance là-dedans, parce que le travail doit quand même se faire.
Le public voit les moments de partage et de convivialité, et heureusement ! Mais ça, c’est vraiment l’aboutissement. Avant il y a tout un travail de solitude nécessaire.
Mais il n’y a pas à se forcer, puisqu’on vibre avec ce qu’on fait !
Fil Santé Jeunes : Être musicien en temps de Covid, cela change-t-il quelque chose ?
Julien Alour : Ça varie, il y a des musiciens qui sont partis jouer aux boules ! Pour moi ça a plutôt été l’inverse : j’ai travaillé 6 heures par jour. Certains jours c’était le seul moyen pour moi de garder le cap. Et ça l’est toujours. Parfois on peut se perdre par rapport à ses ambitions, ses frustrations… et il y a une seule chose qui me recentre moi, c’est de travailler mon instrument.
Fil Santé Jeunes : Est-ce qu’il y a des idées ou un message que vous voudriez transmettre à nos lecteurs ?
Julien Alour : Il ne faut pas perdre espoir !
Il faut avoir du courage pour se lancer dans la musique, bien savoir dans quoi on se lance, faire confiance à son intuition pour savoir si c’est ça qu’on doit faire.
Mais il ne faut pas hésiter si on est passionné : il faut s’autoriser à aller jusqu’au bout ! Un musicien c’est quelqu’un qui a su croire en ses rêves. Un jeune qui veut profondément faire de la musique, de toute façon, personne ne pourra l’en empêcher.
Il y a des conditions sociales qui font que c’est plus facile pour l’un ou pour l’autre, mais je pense que si on ressent vraiment un amour profond pour la musique, on va rester musicien. Après, je connais des amis musiciens qui ont un autre travail dans la vie, mais ils sont quand même musiciens parce que leur vie tourne autour de la musique. La musique, quand elle vous a appelé un jour, elle ne vous lâche plus ! Après, vous êtes libre d’en faire ce que vous en voulez…
Fil Santé Jeunes : Merci beaucoup Julien Alour d’avoir pris le temps de répondre à nos questions ! Ça donne envie de vous écouter et de faire de la musique ! Pour en savoir plus : julienalour.com
Et en bonus une petite vidéo de l’un de ceux qui a su vous donner le goût de jouer :
Sais-tu que Fil Santé Jeunes est également accessible en LSF et LfPC ? Pour en savoir plus viens lire notre article : Jeunes sourds ou malendants : Fil Santé Jeunes accessible !