Le handicap est-il contagieux ?
Si on pose cette question à n’importe qui dans a rue, la réponse sera « non ». D’ailleurs, on vous l’a posé dans notre enquête et seulement 8% d’entre vous pensent que le handicap « ça s’attrape ». On voit bien que rationnellement, vous avez conscience que le handicap n’est pas contagieux. Pourtant, dans la façon qu’on peut avoir de se comporter face au handicap et aux personnes en situation de handicap, nos gestes, nos paroles, nos attitudes trahissent bien souvent une crainte « d’attraper » le handicap de l’autre. C’est ce qu’on appelle un fantasme, en langage psy, et c’est bien-sûr inconscient.
D’où vient-il ? A-t-il une influence sur nos comportements ou sur nos opinions ? Comment le maîtriser ?
Pourquoi, malgré nous, craint-on la contagion ?
Plusieurs hypothèses peuvent répondre à cette question. Tout d’abord, on peut imaginer qu’on peut être puni d’être en bonne santé et que le handicap nous guette pour nous tomber dessus sans prévenir. Ensuite, il y a une certaine culpabilité à être en bonne santé face à des personnes qui ne le sont pas. Enfin, les personnes handicapées nous laissent entrevoir la possibilité d’un monde imparfait, alors que chacun rêve d’un monde parfait où tout serait maîtrisable. C’est comme si la personne handicapée était un miroir qui reflèterait nos faiblesses ou nos fragilités. On n’a pas forcément envie de se voir sous ce jour-là.
En quoi ça a une influence ?
On a beau être convaincu que le handicap n’est pas contagieux, il y a dans nos attitudes, des gestes qui ne trompent pas les personnes averties. Par exemple, sans s’en rendre compte, on aura tendance à éviter tout contact physique avec les personnes handicapées, à leur parler doucement, gentiment… On fait preuve de beaucoup plus d’attention mais tout en gardant nos distances.
Dans l’enquête, 70% d’entre vous estiment que peu importe le handicap, il reste handicapant. Cependant, vous êtes 22% à penser que le handicap qui se voit est le plus handicapant. Comment comprendre ce résultat ? Une explication pourrait être de dire qu’inconsciemment ce sont les « valides » qui sont dérangés (handicapés !) par le handicap qui se voit car il leur rappelle la différence, la peur de la contagion, l’imperfection et la possibilité que ça puisse leur arriver aussi. Finalement on peut se poser la question : pour qui est-ce le plus handicapant : les « handicapés » ou les « valides » ?
Devant cette « inquiétante étrangeté » (expression empruntée à Sigmund Freud) que produit le handicap, il est essentiel de garder en tête que c’est bien souvent le regard des autres et non le handicap lui-même, qui handicape.