Moi, gêné face au handicap ?
Le handicap laisse rarement indifférent. Chacun d’entre nous a déjà rencontré des personnes en situation de handicap et cela a certainement fait naître différentes émotions. Ces émotions sont difficilement contrôlables, elles ne sont pas volontaires. Nous sommes même surpris par ce que l’on ressent. On voudrait pouvoir se raisonner mais une émotion ça ne se commande pas… Ca surprend, ça prend de court, ça nous dépasse parfois. Souvent même, elles nous trahissent. L’émotion peut être plus ou moins intense, fugace ou persistante. Elle est instinctive et s’exprime à travers le corps : expressions du visage, rougissements, gestes, postures…
Quelles sont ces émotions ?
Ressentis et réactions face au handicap
Sûrement avez-vous déjà croisé une personne en fauteuil roulant dans un lieu public. Peut-être vous a-t-il demandé son chemin ? Qu’avez vous alors ressenti ? Même légèrement, juste avant de lui répondre. Un petit malaise ? Une gêne ? Une envie d’aider ?
Dans l’enquête « Ton regard sur le handicap» proposée en ligne sur notre site internet vous avez été 45% à répondre ne pas être gênés lorsque vous voyez une personne handicapée. Ce qui indique que cette réaction n’est pas forcément automatique. Cependant plus de 30% disent être gênés voire très gênés. La gêne et le malaise sont tout de même des ressentis fréquents.
A la question « qu’est ce que tu ressens face à une personne handicapée » voici ce que vous avez répondu : 43% ressentent une envie d’aider, 7% de la peur, 12% de la pitié, 37% de la sympathie et 1% du rejet. Les « bons sentiments » semblent être de mise… Et les émotions et réactions négatives sont finalement rares.
C’est ce que l’on remarque également à la question « Tu as un camarade de classe handicapé, comment réagis-tu ? » : 58% l’aident, 37% deviennent son ami. Seulement 4% l’évitent et 1% pourraient se moquer de lui. Avez-vous déjà vécu une situation similaire ? Comment en général sont « traitées » les personnes présentant des différences en classe? Est-ce que 85% des élèves sont leurs amis ou sont sympathiques avec elles ? Pas forcément…
Beaucoup de situations ne se passent pas comme ça. Peut-être a-t-on un peu tendance à répondre aux questions en se montrant sous un angle positif, en fonction de ce que l’on pense être socialement le plus approprié. Les réponses ne sont pas forcément l’exacte réplique de la réalité. Et même si l’on voudrait parfois avoir les « bonnes » réactions, les émotions rappelons-nous ne se contrôlent pas vraiment. Notre conscience morale nous dit comment nous comporter, mais nos réactions instinctives sont-elles toujours en accord ?…
Mais pourquoi la rencontre avec quelqu’un porteur d’un handicap nous affecte, ou du moins créée-t-elle une émotion ?
La peur des différences
D’une façon générale, les différences nous font peur. Elles peuvent facilement susciter le rejet ou l’exclusion. Le racisme, par exemple, peut être lié à une peur de la différence (inconsciente) impliquant le rejet voire la maltraitance ou la destruction.
Le handicap peut renvoyer au manque, à l’impuissance, à la dépendance, à la souffrance. A des choses donc auxquelles nous ne désirons pas nous confronter ne serait-ce que par la pensée. Nous préférons peut-être vivre dans l’illusion qu’elles n’existent pas. Et voir qu’elles existent dans la réalité extérieure peut nous renvoyer au fait qu’elles existent peut être à l’intérieur de nous…