Prendre soin de ses cicatrices
Comment atténuer une vilaine marque après une chute à vélo, une morsure de chien, des traces d’acné, un accident, une opération chirurgicale, des scarifications… ? Chaque blessure engendre une cicatrice plus ou moins importante, qui peut revêtir une dimension intime : on n’a pas forcément envie que nos cicatrices se voient ! Quelques conseils pour en prendre soin et des techniques actuelles permettent de les rendre plus discrètes.
Le temps de la cicatrisation
Quand on se blesse, le sang coagule au contact de l’air, pour stopper le saignement des vaisseaux abîmés et ainsi préserver l’équilibre de l’organisme malgré les agressions extérieures (c’est ce qu’on appelle l’homéostasie). Le processus de cicatrisation est caractérisé par un équilibre entre la synthèse et l’hydrolyse du collagène. Le collagène est une protéine présente dans l’organisme, qui permet aux tissus du corps de résister à l’étirement et de cicatriser correctement. La cicatrisation est la capacité de réparation et de régénération des tissus. Une cicatrice met en moyenne 12 à 18 mois pour devenir mature. Avant d’atteindre cet état, elle passe par différentes phases.
• Phase inflammatoire : elle stoppe l’hémorragie en créant un caillot (sorte de bouchon) à base de fibrine, protéine filamenteuse sécrétée par le foie, au moment de la coagulation.
• Phase de détersion : c’est une étape importante car elle permet d’évaluer la profondeur de la plaie. Les globules blancs s’accumulent pour détruire les bactéries et les tissus dévitalisés qui recouvrent la plaie tout en assurant la défense contre les infections.
• Phase de « bourgeonnement » : elle dure environ 3 semaines. Les cellules détruites sont remplacées par de nouvelles cellules. Des cellules de l’épiderme se multiplient au sein de la plaie. Cette phase laisse place à un « tissu de granulation ». Ce nouveau tissu de soutien se constitue, des fibres de collagène sont synthétisées après 3 jours et de nouveaux vaisseaux sanguins apparaissent afin de combler la perte de substance tissulaire. La plaie se rétracte et le tissu de granulation se renforce. Il se transforme en tissu cicatriciel.
• Phase d’épithélialisation : elle résulte de la formation de kératinocytes (cellules de la peau) des berges de la plaie et leur migration sur la surface de la plaie. Mais le nouveau tissu est imparfait, d’où phase de remodelage.
• Phase de remodelage : elle est longue (18 mois) et capitale pour la qualité esthétique, structurale et fonctionnelle du tissu obtenu. Elle marque la fin de la cicatrisation.
Une cicatrisation parfaite donne une cicatrice normale, c’est-à-dire, souple à la palpation, sans différence de couleur avec la peau avoisinante et presque invisible. Les cicatrices peuvent être blanches et s’estomper facilement au fil du temps. Elles peuvent être également volumineuses et de couleur rose à brun foncé, on dit dans ce cas qu’elles sont chéloïdes.
Les soins à apporter
Pour accélérer la cicatrisation d’une plaie, il faut bien la nettoyer, la désinfecter et la protéger d’un pansement stérile et propre. Les plaies cicatrisent plus vite si elles sont maintenues dans un environnement humide.
Il faut respecter cet environnement humide et éviter la formation d’une croûte pour favoriser la cicatrisation.
Ensuite, pour que les cicatrices deviennent les plus discrètes possible il faut éviter de les exposer au soleil pendant au moins 1 an. Les protéger avec un écran total est donc indispensable. Certaines crèmes ou gel « dermo-réparateur » peuvent favoriser la cicatrisation, en application locale.
Pour qu’elle devienne souple, on peut les masser 1 ou 2 fois par jour, pendant 5 minutes en exerçant une pression soutenue avec les doigts. Cela améliore considérablement leur aspect.
Les traitements pour les cicatrices peuvent être esthétiques (crème au collagène ou élastine, huile essentielle) ou médicaux (corticoïdes).
Si vous n’êtes pas satisfait de votre cicatrice, vous pouvez consulter un spécialiste, dermatologue ou chirurgien plastique. Ils pourront vous conseiller sur les techniques les mieux adaptées à votre cas.
Quand les cicatrices sont trop voyantes
En général, si les précautions nécessaires sont prises, les cicatrices évoluent plutôt favorablement. Cependant il arrive que certaines forment des chéloïdes. Les chéloïdes surviennent quand l’équilibre entre la synthèse et l’hydrolyse du collagène n’est jamais atteint. Ce sont des cicatrices qui ont « trop bien travaillé », la cicatrisation ne s’est pas arrêtée quand elle aurait dû.
Elles deviennent alors boursouflées rouges, dures et douloureuses. Certains types de peaux sont plus sujets aux chéloïdes, en fonction de leur couleur, leur âge…
Quand une cicatrice est trop voyante, ou n’a pas évolué dans le sens attendu, on peut la « reprendre » grâce à la chirurgie afin de réaliser une cicatrice plus jolie. Les reprises de cicatrises vraiment importantes sont prises en charge par la sécurité sociale.
En cas d’acné, les solutions sont un peu différentes. Les cicatrices liées à l’acné peuvent être reprises par un relèvement chirurgical, sous anesthésie locale, par le laser, le peeling ou la dermabrasion.
Si aucune cicatrice ne peut être complètement effacée, elle peut néanmoins prendre une place particulière dans la vie de chacun, un peu comme un tatouage, en évoquant un souvenir, en racontant une histoire, en permettant d’en inventer une autre… La cicatrice peut devenir intéressante voire séduisante. D’ailleurs, Albator, Gaspard Ulliel, le beau Khal Drogo de Game of Thrones… n’ont-ils pas su mettre en valeur leurs cicatrices pour en faire un élément de séduction ?